Quels indicateurs suivre en matière de prévention ?

Publié le 25/09/2024 à 07:17 dans Risques professionnels.

Temps de lecture : 4 min

Lors des articles précédents, nous avons passé en revue les fondations d’une démarche de prévention et notamment la définition d’une stratégie basée sur l’évaluation des risques. Nous avons évoqué la nécessité de se fixer une direction et des cibles ou objectifs à atteindre. Enfin, nous avons établi que des revues régulières étaient indispensables. Mais comment savoir si nous y sommes ? Comment savoir si nous sommes en train de gagner ou de perdre ? C’est ici que nos fameux indicateurs entrent en jeu.

Vous ne pouvez pas gérer ce que vous ne mesurez pas

Il est aisé de fixer des indicateurs mais beaucoup plus compliqué de définir des indicateurs pertinents !

Dès que l’on discute indicateurs, un réflexe instinctif est d’utiliser le fameux acronyme SMART : les indicateurs SMART sont des outils utilisés pour mesurer les performances et définir des objectifs clairs dans les entreprises. 

Mon propos n’est pas de contester cela mais de travailler en amont du questionnement SMART et de réfléchir à ce que nous souhaitons suivre et aux résultats que nous désirons obtenir en matière de prévention.

Comment choisir un indicateur ?

Choisir un indicateur approprié dépend du contexte et des objectifs spécifiques de votre entreprise ou de votre projet. Voici quelques étapes pour vous guider dans le choix d’indicateurs pertinents :

1. Comprenez vos objectifs. Avant de choisir un indicateur, identifiez clairement vos objectifs. Qu’est-ce que vous essayez d’atteindre ? 

2. Identifiez les domaines clés. Dans votre cas, les risques principaux de vos activités (d’où l’importance de s’appuyer sur une évaluation des risques pertinente).

3. Utilisez la méthode SMART :

  • Spécifique : l’indicateur doit être précis et cibler un aspect spécifique de votre activité ;
  • Mesurable : vous devez pouvoir quantifier l’indicateur (par exemple : en chiffres, en pourcentage, etc.) ;
  • Atteignable : l’objectif lié à l’indicateur doit être réaliste et réalisable ;
  • Réaliste : l’indicateur doit être pertinent par rapport à vos objectifs globaux ;
  • Temporellement défini : fixez une période pour évaluer l’indicateur (par exemple, mensuellement, trimestriellement, etc.).

4. Évaluez la faisabilité. Assurez-vous que vous disposez des données nécessaires pour mesurer l’indicateur. Si les données ne sont pas disponibles, il peut être difficile de suivre les performances. 

5. Testez et ajustez. Une fois que vous avez choisi des indicateurs, surveillez-les régulièrement. Si nécessaire, ajustez-les en fonction de l’évolution de votre activité.

N’oubliez pas que le choix d’indicateurs est spécifique à chaque entreprise, et qu’il est important de les adapter à vos besoins. Un bon moyen de formaliser cela est d’adopter la formulation suivante :  Passer d’une (Valeur A) à une (Valeur B) en (Durée).

Attention au rétroviseur !

Bien souvent, en matière de sécurité, les entreprises arborent fièrement un énorme panneau d’entrée avec 2 compteurs : le nombre de jours sans accident et le record associé.

Attention au piège que cela peut constituer. Si ce type de panneau peut mettre en avant la valeur sécurité dans l’entreprise en marquant, dès l’entrée, l’importance accordée au sujet, cela ne peut pas constituer un indicateur pertinent à lui seul.

En effet, il est courant d’observer dans les indicateurs de la prévention un grand nombre d’indicateurs de type « lagging » (en retard/tardif). C’est-à-dire des indicateurs qui viennent constater une situation mais sur lequel vous ne pouvez pas directement agir. Non pas qu’ils ne faille pas suivre ces indicateurs mais il faut leur associer des indicateurs dits « leading » (en avance/avancé). C’est-à-dire des indicateurs sur lesquels nous pouvons agir de manière à impacter l’indicateur « lagging ».

Notre but n’est ainsi pas de compter les accidents mais bien de les éviter. Le nombre d’accident ou encore de jours d’arrêt sont des indicateurs « lagging ». Il faut se questionner de manière à analyser les causes et imaginer des actions de prévention que nous suivrons au travers d’indicateurs « leading ».

Prenons l’exemple d’un atelier où nous constatons un grand nombre de soins de type coupure. L’analyse des accidents nous démontre que, dans un grand nombre de cas, c’est l’utilisation d’outils non sécurisés et l’absence de formation aux travaux de découpe qui génèrent les coupures. Nous pouvons définir comme objectif la réduction de 50 % des soins de type coupure en 6 mois (indicateur tardif) en suivant le taux de formation des employés aux travaux de découpe (indicateur avancé) et le taux de réalisation des inspections sur les outils de découpe (indicateur avancé).

L’avantage de ces indicateurs avancés est de pouvoir impliquer directement les collaborateurs en leur démontrant l’impact direct de leurs actions et la corrélation entre le programme de prévention de l’entreprise et les résultats obtenus.

En sécurité comme dans beaucoup de domaines il n’y a pas de secret : donner du sens est essentiel !

Vous l’observerez, les résultats ne sont pas immédiats et les tendances en matière de sécurité s’étudient à moyen/long terme. L’analyse des événements qui jalonnent la vie de l’entreprise est capitale, nous en parlerons lors de notre prochaine tranche de prévention !

Julien Mareels auteur

Julien Mareels

Né en 1982 à Lille, Julien MAREELS exerce depuis plus de 20 ans des fonctions dans les domaines de l'Hygiène, la Santé, la Sécurité, la Sureté ou encore l'Environnement. Julien a débuté sa carrière …