Comment planifier la prévention ?

Dans mon premier article « Comment débuter une démarche de prévention ? », j’ai qualifié une démarche de prévention comme étant un mouvement collectif, une vague, une onde.

Alors, comme pendant notre jeunesse à l’heure des épreuves du baccalauréat, revenons à quelques notions de base de physique. N’ayez crainte et faisons simple : un mouvement est qualifié par 4 caractéristiques : son point de départ, sa direction, son sens et sa norme (valeur, intensité). J’utilise la même chose pour caractériser une démarche de prévention :

• d’où venons-nous ? L’origine (FROM) ;
• où allons-nous ? L’arrivée (TO) ;
• quel délai nous donnons-nous ? Le temps (BY).

Je continue à définir, depuis près de 20 ans, mes programmes de prévention et mes feuilles de route (« roadmap ») en m’appuyant sur ces éléments simples. Depuis, avec l’expérience, j’ai agrémenté mes programmes en utilisant le QQOQCCP : Quoi ? Qui ? Où ? Quand ? Combien ? Comment ? Pourquoi ?

Ce qui me permet d’établir un plan décomposé en axes qui s’apparente au tableau ci-dessous :

Le tout étant regroupé par piliers/catégories (ex : santé, sécurité, environnement, sûreté, etc.) regroupant différents sujets. Ce programme de prévention porte désormais un nom dans la réglementation française : le PAPRIPACT.

Le PAPRIPACT désigne le programme annuel de prévention des risques professionnels et d’amélioration des conditions de travail.

Obligatoire dans les entreprises d’au moins 50 salariés, il constitue un document central, établi sur la base de l’évaluation des risques professionnels. Soumis à la consultation du CSE, il doit détailler les actions de prévention à prendre au cours de l’année à venir mais également les modalités de leur suivi et les ressources de l'entreprise pouvant être mobilisées.

Vous l’aurez compris, il ne suffit pas d’avoir un plan, aussi bien construit soit-il, il faut le suivre !

J’en ai connu de superbes documents très bien conçus remplissant les armoires de préventeurs et de dirigeants et ne voyant la lumière que lors d’audits… Est-ce cela une démarche de prévention efficace ?

L’essentiel n’est pas le document mais la manière dont il vit sur le terrain et dans le quotidien de l’entreprise. Alors, tel un athlète préparant un marathon, il faut se fixer des rituels et s’y tenir avec rigueur et discipline. Pour cela une seule solution : instaurer une instance de suivi : une gouvernance.

J’entends déjà s’élever des voix pour dénoncer une énième réunion inefficace et je tiens de suite à couper court : une gouvernance est indispensable mais ne doit pas être informative, elle doit être décisionnelle.

Pour l’être, il faut que la gouvernance soit adaptée au public, notamment au niveau des sujets abordés. A ce titre, il est nécessaire de décomposer le plan en fonction du public. Ainsi, chaque secteur de l’entreprise possédera un plan (une partie du PAPRIPACT) et la gouvernance associée.

L’objectif de cette ou ces gouvernance(s) est de revoir notre désormais connu PAPRIPACT et de vérifier les temps de passage. On ne s’attarde pas sur les voyants au vert (quoique je vous incite à ne pas oublier de célébrer vos succès en équipe) mais on s’attèle à décider comment corriger les points rouges ou bloquants.

Pas de panique, la prévention n’est pas un sprint mais une course de fond. On se retrouve très bientôt pour aborder ces temps de passage et tenter de répondre à l’épineuse question des indicateurs.