Heures de délégation impayées : quels moyens d’action ?

Publié le 04/10/2024 à 11:03 dans Fonctionnement des RP.

Temps de lecture : 3 min

En tant que représentant du personnel, vous bénéficiez d’heures de délégation pour exercer votre mandat. Votre employeur est dans l’obligation de vous payer ces heures à la date normale de paiement des salaires, et ce, même s’il entend contester leur utilisation. S’il ne le fait pas, pouvez-vous rompre votre contrat de travail aux torts de l’employeur ?

Heures de délégation : l’employeur doit les payer avant toute contestation

Les heures de délégation dont vous bénéficiez en tant que représentant du personnel peuvent être prises sur vos heures de travail ou en dehors de celles-ci. Dans tous les cas, le Code du travail prévoit qu’elles sont considérées comme du temps de travail et doivent, en conséquence, être payées à la date normale de versement des salaires.

Ce paiement est obligatoire pour l’employeur. Cela signifie que, même si ce dernier entend contester l’utilisation que vous avez faite de ces heures, il ne pourra les contester en justice qu’après vous les avoir intégralement payées.

Dans le cas où il aurait manqué à cette obligation, pouvez-vous prendre acte de la rupture de votre contrat aux torts de l’employeur ?

La Cour de cassation a répondu à cette question dans un arrêt du 26 juin 2024.

Refus de paiement des heures de délégation : vous pouvez prendre acte de la rupture de votre contrat

La prise d’acte est un mode de rupture du contrat de travail à l’initiative du salarié. Elle intervient lorsque ce dernier estime que l’employeur a manqué à ses obligations ou a commis des fautes si graves qu’elles rendent impossible la poursuite de la relation de travail.

Rappel

Lorsque le salarié prend acte de la rupture de son contrat, il quitte immédiatement son poste et saisit le juge. Selon la décision de justice, la rupture peut produire les effets :

  • d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse (voire d’un licenciement nul s’il s’agit d’un salarié protégé), si le juge confirme les manquements de l’employeur ;
  • d'une démission, dans le cas contraire. 

Dans cette affaire, un représentant du personnel avait pris acte de la rupture de son contrat de travail, reprochant notamment à son employeur le non-paiement de ses heures de délégation (320 heures, soit plus de 3000 euros). 

La cour d’appel avait rejeté sa demande, faute de détails et de précisions fournis sur l’utilisation des heures de délégation.

La Cour de cassation contredit ensuite la cour d’appel. En effet, après avoir rappelé les règles légales relatives au paiement des heures de délégation, elle affirme que le fait pour le salarié de ne pas avoir fourni le détail de l’utilisation de ses heures ne pouvait pas permettre d’écarter sa demande.

Elle constate qu’en l’occurrence, le salarié n’avait pas excédé le crédit d’heures de délégation dont il bénéficiait et que l’employeur, qui ne les lui avait pas payées à échéance normale, était donc en tort. Par conséquent, les juges font droit à la demande du salarié.

Afin d’être accompagné dans la gestion des heures de délégation, les Editions Tissot vous conseillent leur documentation « CSE ACTIV ». Elle inclut des procédures interactives qui vous fourniront un accompagnement personnalisé pour connaître votre crédit d’heures de délégation et pour l’utiliser.


Cour de cassation, chambre sociale, 26 juin 2024, n° 23-12.112 (l'employeur ne peut saisir la juridiction prud'homale pour contester l'usage fait du temps alloué aux représentants du personnel pour l'exercice de leur mandat qu'après avoir payé les heures de délégation)

Auteur Maylis Rio Lachaud

Maylis Rio Lachaud

Juriste et autrice en droit social