DARES : enquête sur la capacité des salariés à exercer le même travail jusqu’à la retraite
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Pendant que la réforme des retraites fait la une de tous les journaux, la DARES publie une analyse sur les facteurs qui influencent la capacité des salariés à faire le même travail jusqu’à la retraite. Cette analyse nous apprend qu’un tiers des salariés déclare ne pas être capable de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite. Mais qu’est-ce qui rend leur travail insoutenable ? L’étude montre notamment que les métiers les moins qualifiés, au contact du public ou dans le secteur du soin et de l’action sociale sont les plus touchés.
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Quels facteurs influencent la capacité des salariés à faire le même travail jusqu’à la retraite ? Cette nouvelle analyse de la DARES permet de voir quels sont les salariés qui se jugent les moins capables de tenir dans leur travail jusqu’à leur retraite et les conditions de travail qui vont accroître l’insoutenabilité de ce travail. Elle montre également que des leviers peuvent être mis en place pour rendre ce travail plus soutenable.
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Pour répondre à la question quels facteurs influencent la capacité des salariés à faire le même travail jusqu’à la retraite, cette analyse sur la soutenabilité du travail est appréciée sur l’ensemble de la carrière.
Appréciation de l’insoutenabilité du travail
37 % des salariés déclarent ne pas être capables de garder le même travail. Par catégories professionnelles, les employés (39 %) et les ouvriers (39 %) sont plus touchés par ce sentiment d’insoutenabilité du travail que les cadres (32 %).
Par catégories d’âge, cela représente :
59 % des travailleurs de moins de 30 ans ;
18 % des plus de 50 ans.
Cet écart peut s’expliquer par le fait que les travailleurs les plus exposés aux risques professionnels vont changer de poste au cours de leur carrière notamment pour des raisons de santé ou vont voir leur poste ou leur temps de travail aménagé.
Cette insoutenabilité du travail est plus fréquente chez les femmes (41 %) que chez les hommes (34 %). Cet écart varie également selon la situation familiale. Ainsi, l’écart de genre est quasi-nul lorsque les travailleurs appartiennent à une famille monoparentale (42 % pour les femmes et 41 % pour les hommes). Mais, dans la catégorie des travailleurs ayant un ou plusieurs enfants à charge, l’écart est de 14 points (57 % pour les femmes contre 43 % pour les hommes).
Mais quelles sont les familles professionnelles de salariés déclarant ne pas être capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite ? La proportion la plus élevée concerne :
- les métiers ayant un contact avec du public :
- caissiers et employés de libre-service : 66 %,
- employés de la banque et des assurances : 61 %,
- employés et agent de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration : 54 %,
- vendeurs : 48 % ;
- les métiers du soin et de l’action sociale :
- professionnels de l’action sociale et de l’orientation : 58 %,
- infirmiers, sages-femmes : 55 %,
- aides-soignants : 47 % ,
- les ouvriers non qualifiés (manutention, bâtiment et des travaux publics).
Les métiers les plus soutenables sont des emplois plus qualifiés. Ils sont exercés dans des bureaux (secrétaires (17 %), cadres des services administratifs, comptables et financiers (30 %), employés de maison (23 %)).
Le degré d’exposition aux risques professionnels a bien entendu un impact sur le sentiment d’insoutenabilité et encore plus en cas de poly-exposition :
en cas de forte exposition aux risques physiques (bruit, chaleur, humidité, fumées poussières, etc.), le sentiment d’insoutenabilité est de 46 % (27 % pour une faible exposition) ;
en présence d’une forte exposition aux risques psychosociaux (travail intense, manque d’autonomie, exigences émotionnelles, insécurité socio-économique, conflits de valeur, rapports sociaux dégradés), il est de 58 %. Il est de 21 % en cas de faible exposition ;
en cas de forte exposition aux risques physiques et psychosociaux, 61 % des travailleurs déclarent ne pas être capables de tenir jusqu’à la retraite.
Sans surprise, l’état de santé du travailleur peut avoir un impact sur ce critère d’insoutenabilité. Ainsi, 57 % des travailleurs en mauvaise santé déclarent ne pas pouvoir tenir jusqu’à la retraite. Pour ceux qui se jugent en bonne santé, ils sont 35 % à déclarer une situation de travail insoutenable.
Parmi les travailleurs qui déclarent ne pas être capables de tenir jusqu’à la retraite, 9 % reconnaissent une interruption de travail d’un an ou plus dans les 3 ans. Ils sont 5 % pour ceux qui déclarent leur travail soutenable.
Pour la catégorie d’âge des 60-64 ans, cela présente :
17 % des personnes déclarant leur travail insoutenable ;
5 % pour ceux qui ont un travail soutenable.
A noter que pour la catégorie d’âge des 20-29 ans, 14 % des travailleurs déclarant leur situation insoutenable reconnaissent une interruption de travail d’un an ou plus dans les 3 ans. 11 % pour ceux dont le travail est soutenable. Mais attention, les raisons des interruptions sont multiples. Cela comprend :
les périodes de chômage ;
les arrêts maladie de longue durée ;
les arrêts pour s’occuper de ses enfants (congé parental) ;
la reprise d’études (congé formation), etc.
En 2019, les salariés qui déclarent ne pas être capables de faire le même travail jusqu’à la retraite s'absentent 12 jours par an en moyenne contre 7 pour les autres, pour raisons de santé (hors maternité). Pour les 60-64 ans, il est de 65 jours pour ceux dont le travail est insoutenable et 8 pour les autres.
Il faut savoir que les salariés qui jugent leur travail insoutenable ont des carrières hachées et ils avancent l’âge de leur départ à la retraite :
30 % sans avoir réuni les conditions pour percevoir une retraite à taux plein. 49 % invoquent la santé et 56 % les conditions de travail. Pour ceux qui déclarent leur travail soutenable, les taux sont respectivement de 33 % et 48 % ;
19 % sans avoir atteint l’âge légal de la retraite. 62 % citent la santé comme motif de leur départ et 45 % les conditions de travail contre respectivement 45 % et 39 % des salariés occupant un travail jugé soutenable.
Actions pouvant impacter le sentiment d’insoutenabilité du travail
Le sentiment d’insoutenabilité décroît lorsque des mesures de soutien sont mises en place notamment pour réduire les contraintes horaires au travail, l’intensité du travail et les contraintes de rythmes, etc.
Sa réduction est d’autant plus forte lorsque le salarié participe aux modalités du changement. Mais la tendance s’inverse si les changements organisationnels apportés par l’employeur à l’environnement de travail du salarié (changement de nature de poste, de fonction, déménagement, restructuration, etc.) sont faits sans concertation. En effet, le sentiment d’insoutenabilité se réduit si le salarié reçoit une information suffisante et adaptée sur les changements à venir ou lorsqu’il est consulté.
A savoir que la mise en place de dispositifs de prévention a un effet modéré sur le caractère soutenable du travail. Ainsi, recevoir une information sur les risques que fait courir le travail sur la santé et la sécurité de travail ne réduit que de 3 points le caractère insoutenable du travail en 3 ans. Cela n’a pas plus d’effet que l’actualisation du document unique d’évaluation des risques et qu’une consultation auprès du médecin du travail ou de la prévention.
Sans surprise, la soutenabilité du travail s’améliore lorsque le travailleur change d’emploi, et plus particulièrement lorsqu’il devient un indépendant et ce, en dépit du fait que la durée de travail devient plus longue.
DARES, analyses, quels facteurs influencent la capacité des salariés à faire le même travail jusqu’à la retraite, mars 2023, n° 17
Juriste en droit social et rédactrice au sein des Editions Tissot
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