Projet de loi de finances 2022 : un gros volet sur les charges sociales
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Prolongation de certains dispositifs d’exonérations (art. 29 D) et ouverture des JEI (art. 4 quater)
Il est prévu de repousser d’un an (du 31 décembre 2022 au 31 décembre 2023) la fin de certains dispositifs géographiques d’exonérations sociales ou fiscales. Cela concerne principalement :
- les zones d’aide à finalité régionale (AFR) ;
- les zones franches urbaines-territoires entrepreneurs (ZFU-TE) ;
- les zones de revitalisation rurale (ZRR) ;
- les bassins urbains à dynamiser (BUD) et bassins d’emploi à redynamiser (BER) ;
- les zones de développement prioritaire (ZDP).
Autre nouveauté : le projet de loi de finances 2022 assouplit une des conditions à remplir par l’entreprise pour être qualifiée de jeune entreprise innovante (JEI), statut qui permet de bénéficier d’avantages fiscaux et d’exonération de charges sociales pour certains salariés.
Il faudrait ainsi que l’entreprise soit créée depuis moins de 11 ans au lieu de moins de 8. Une entreprise de 10 ans d’ancienneté pourrait ainsi en bénéficier.
Exonération de charges sociales sur les pourboires (art. 3 bis)
Le projet de loi exonère de charges sociales les pourboires remis par les clients pour le service, qu’il s’agisse de sommes remises directement aux salariés ou reversées par l’employeur au personnel en contact avec la clientèle.
L’exonération concernerait toutes les cotisations et contributions sociales d’origine légale ou conventionnelle, la participation à l’effort de construction, le financement de la formation professionnelle, le versement mobilité et la contribution FNAL. Il y aurait aussi une exonération d’impôt.
Une condition serait posée : que les salariés qui reçoivent les sommes au titre des mois civils concernés perçoivent une rémunération mensuelle n’excédant pas 1,6 SMIC (sans compter les pourboires).
Aménagement de l’obligation d’emploi de travailleurs handicapés (art. 32 quinquies et sexies)
L’obligation d’emploi de travailleurs handicapés s’impose en principe à vous à partir de 20 salariés.
Pour calculer cet effectif, dans les principales structures dédiées à la mise à disposition de personnel auprès de tiers, il ne faut pas tenir compte des salariés mis à disposition ou portés.
Mais aujourd’hui les associations intermédiaires et les agences de mannequins, qui elles aussi ont comme activité la mise à disposition onéreuse de personnes, ne bénéficient pas de cette exception.
Le projet de loi de finances pour 2022 prévoit donc d’aligner les règles de calcul pour ne pas créer de problème de concurrence.
Le projet de loi apporte aussi une précision importante sur la période à retenir pour apprécier l’effectif de l’entreprise : il s’agit bien de l’année pour laquelle la contribution AGEFIPH est due.
Création du contrat d’engagement jeune (art. 57)
Un contrat d’engagement jeune serait mis en place à partir du 1er mars 2022. Il s’agit d’aider des jeunes entre 16 et 25 ans (29 ans en cas de handicap) rencontrant des difficultés d’accès à l’emploi durable et qui ne suivent pas d’études ni de formation. Ce dispositif serait proposé principalement par les missions locales ou par Pôle emploi.
Dans le cadre de ce dispositif, des stages, immersions en entreprise ou une alternance pourraient être mis en place.
Le ministère du Travail précise que le contrat d’engagement jeune mobilisera les entreprises pour favoriser les découvertes de métiers, les immersions dans un collectif de travail et la formation en alternance.
Nouvelles mesures relatives à l’activité partielle (art. 34 duovicies et 56)
Le projet de loi contient plusieurs dispositions relatives à l’activité partielle.
Il pérennise certaines mesures adoptées lors de la crise sanitaire en les inscrivant dans le Code du travail. Par exemple, le calcul de l’indemnité horaire des salariés en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation. Ainsi ceux qui ont une rémunération inférieure au SMIC continueraient de recevoir une indemnité horaire d’activité partielle égale au pourcentage du SMIC qui leur est applicable (au titre du Code du travail ou le cas échéant au titre des stipulations conventionnelles applicables à l’entreprise).
Il reprend aussi la mesure qui habilite le Gouvernement à adapter par ordonnance le dispositif d’allocation partielle de longue durée, qui figurait à l’origine dans la loi de vigilance sanitaire mais avait été retoquée (voir notre article « Loi vigilance sanitaire : les dispositions conformes à la Constitution ont été publiées ».
Formation professionnelle et taxe d’apprentissage (art. 32 octies et quaterdecies)
Le projet de loi comporte différentes nouveautés relatives à la taxe d’apprentissage et au financement de la formation professionnelle pour certains secteurs. Il prévoit notamment :
- une exonération de taxe d’apprentissage dans les établissements publics de santé, médico-sociaux et sociaux à partir du 1er janvier 2022 ;
- de remplacer le taux spécifique de financement de la formation professionnelle dans les entreprises de travail temporaire par une contribution conventionnelle (elle serait au minimum de 0,3 % au vu des besoins et de la nature spécifique des salariés intérimaires).
Le projet de loi s’intéresse aussi aux conséquences des nouvelles modalités de recouvrement du solde de la taxe d’apprentissage, qui doit être fait pour la première fois par l’Urssaf en 2023 (voir notre article « Contributions de formation professionnelle et d’apprentissage 2022 : précisions sur les nouvelles modalités »).
Il est ainsi prévu de mettre en place un régime transitoire pour sécuriser les établissements bénéficiaires du solde de la taxe d’apprentissage en 2022. Ce solde constitue en effet pour eux une ressource très importante (notamment pour les CFA) or aucun versement n’est actuellement prévu en 2022.
Il est donc prévu de garantir le versement en 2022, par les entreprises assujetties, d’un montant équivalant au solde de la taxe d’apprentissage, afin de faciliter la transition entre les anciennes et nouvelles périodicités de recouvrement du solde de la taxe d’apprentissage.
A cette fin, il serait rétabli une imposition, sur la masse salariale 2021, due par les entreprises qui, en l’absence de régime transitoire, n’étaient plus assujetties à la taxe d’apprentissage.
Projet de loi de finances pour 2022, définitivement adopté par l’Assemblée nationale le 16 novembre 2021
Juriste en droit social
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