Maladies chroniques : quelles conséquences sur l’emploi et les individus ?
Temps de lecture : 4 min
Le 16e baromètre sur la perception des discriminations dans l’emploi du Défenseur des droits, révèle une surexposition des personnes atteintes de maladies chroniques aux discriminations et rappelle le rôle-clé des employeurs et des services de santé et prévention au travail.
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Les personnes atteintes de maladies chroniques surexposées aux discriminations
Les maladies chroniques sont en constante augmentation et la part de la population atteinte devrait atteindre 25 % dès 2025 selon l’ANACT. Reconnues comme un handicap en France depuis la loi n° 2005-102, elles constituent un enjeu majeur de santé au travail. Pourtant, un déni collectif perdure, alimenté à la fois par des représentations sociales négatives mais aussi une peur de l’exposition aux discriminations par les personnes concernées.
Bon à savoir
La maladie chronique regroupe différents types de maladies comme le diabète, les cancers, la dépression chronique, l’endométriose ou encore les maladies cardio-vasculaires.
L’enquête réalisée par le Défenseur des droits visait notamment à étudier la perception des discriminations par les malades chroniques. Elle révèle ainsi qu’une personne sur six atteintes de maladie chronique (13 %) a été confrontée à une discrimination dans le cadre de l’emploi en raison de son état de santé, contre seulement 3 % pour le reste de la population active.
De manière générale, il apparaît que le fait d’avoir une maladie chronique aggrave le risque d’être exposé à une discrimination dans l’emploi. Ainsi, plus de quatre personnes actives atteintes de maladie chronique sur dix déclarent avoir vécu au moins une situation de discrimination dans le cadre de sa recherche d’emploi ou de sa carrière, contre 20 % du reste de la population active.
Des impacts importants sur les trajectoires professionnelles et les individus
L’enquête met en exergue que les personnes atteintes de maladie chronique ont globalement une projection plus incertaine dans l’emploi et l’avenir professionnel. Ainsi, elles sont notamment plus nombreuses à s’autocensurer lors de la recherche d’un poste en ne répondant pas à une offre bien qu’elles disposent des compétences (59 % contre 34 % pour le reste de la population active).
Par ailleurs, la peur de ne pas trouver un emploi est très prégnante : en témoigne le fait que plus de la moitié (58 %) des malades chroniques ne communiquent pas sur leurs problèmes de santé lors de la candidature pour un poste, souvent par peur de refus d’embauche. Globalement, le fait de révéler ou non sa maladie apparaît comme un véritable dilemme pour ces personnes. L’enquête montre ainsi que seulement un quart des malades ont informé leur employeur ou supérieur hiérarchique de leur état de santé.
Une majorité des personnes atteintes de maladie chronique (70 %) déclarent que leur état de santé entraîne des répercussions sur leur vie professionnelle mais également des répercussions durables et importantes sur leur santé mentale, notamment en raison des discriminations potentielles. Ainsi, 73 % des malades chroniques ayant subi une discrimination reconnaissent avoir traversé une période où leur santé mentale s’est dégradée.
Des obligations pas toujours respectées par les employeurs
L’enquête du Défenseur des droits rappelle que les employeurs sont tenus à une obligation d’aménagement raisonnable à l’égard des travailleurs en situation de handicap. En pratique, ils doivent donc mettre en œuvre des aménagements et adaptations concrètes visant à permettre aux personnes concernées d’être à égalité des autres travailleurs tout au long de leur parcours professionnel. Pourtant, selon l’étude, 29 % des salariés atteints de maladies chroniques ne bénéficient pas d’un aménagement de poste alors même qu’ils en auraient besoin.
Par ailleurs, l’enquête révèle également un accès insuffisant et parfois redouté aux services de prévention et santé au travail. Ainsi, deux tiers des personnes atteintes de maladies chroniques considèrent que les visites chez le médecin du travail devraient être plus fréquentes et près de la moitié des personnes actives malades hésitent à livrer des informations au médecin du travail.
En conclusion, la Défenseure des droits recommande notamment aux entreprises de promouvoir une approche globale et collective de la prévention de la santé au travail et de la lutte contre les discriminations liées à l’état de santé ou au handicap.
Défenseur des droits, 16e baromètre sur la perception des discriminations dans l’emploi
Juriste, rédactrice en droit de l’environnement et santé-sécurité au travail
Titulaire du Master 2 en droit de l’environnement de l’Université Paris-Saclay, j’ai d’abord exercé en bureau d’études en tant que juriste consultante hygiène-sécurité-environnement (HSE). J’exerce …
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