Politique et vie professionnelle

Publié le 26/11/2011 à 13:29.

Temps de lecture : 5 min

Politique et vie professionnelle : 57% des Français parlent politique sur leur lieu de travail !

81% des salariés préoccupés par l’avenir du système de retraite

Dans leur dernier sondage publié sur le site www.editions-tissot.fr, il apparait que les questions liées au temps consacrer à la vie professionnelle et à leur bien être dans l’entreprise arrivent en tête des préoccupations des salariés. L’avenir du système de retraite représente pour 81% d’entre eux, quelque soit leur opinion politique, l’enjeu principal décelé par ce sondage. Les conditions de travail, avec une meilleure prise en compte du stress, de la pénibilité, du harcèlement prennent la deuxième place (73 %), devant le temps de travail et le débat sur le maintien ou non des 35 heures (72%). Les personnes interrogées sont aussi attentives au discours politique concernant les performances de l’entreprise, dans le cadre de la répartition des profits entre salariés et actionnaires (70%) et du contrôle de la rémunération des dirigeants (70%). La revalorisation du Smic (63%), la parité (60%) et les discriminations (60%) sont aussi des sujets qui compteront fortement dans leur choix électoral.

Discuter politique au travail n’est pas un tabou

Discuter politique avec ses collègues est entrée dans les mœurs pour 57% des salariés qui déclarent volontiers débattre du sujet avec leurs collègues. La politique est plutôt une affaire d’homme (65%), de cadre (63%) et de fonctionnaire (62%). De manière décomplexée, un tiers des Français parlent politique avec leur supérieur hiérarchique. En revanche, on essaye d’éviter tout débat avec les clients de l’entreprise (15%) ou les fournisseurs (14%). Le monde des affaires et la politique, théoriquement ne se mélangent pas. 30 % des salariés considèrent leur délégué syndical comme une sorte d’auditeur naturellement réceptif au politique quoique moins sollicité en tant que confident qu’un simple collègue. Pour les 43 % qui n’affichent pas leur opinion dans l’entreprise, ils sont 69% à penser que « cela ne regarde qu’eux ». Le fait de ne pas montrer une « face politique externe » comme on peut montrer une « face sociale externe » est pour 31 % une question de protection contre les conflits inutiles. Bien que le Code du Travail n’impose aucun mutisme politique au sein de l’entreprise, puisque « le salarié est un citoyen qui bénéficie de sa liberté d’expression », 22% d’entre eux préfèrent se taire, craignant des mesures de rétorsions plus directes (promotions, augmentations bloquées etc.).

Mais la propagande trouve ses limites dans l’entreprise

39% des salariés estiment tout de même « acceptable » d’expliquer à un collègue pourquoi il faut voter pour un candidat. En revanche, le seuil de tolérance à la propagande politique dans l’entreprise est moins élevé pour la distribution de tracts (23%), l’affiche, le badge ou l’autocollant (18%), ainsi que l’organisation d’une réunion à caractère politique (14%). Il semble que les jeunes soient plus tolérants à la propagande politique sur le lieu de travail. De 45% pour les 18-24 ans, le taux descend à 38% pour les plus de 35 ans. Là encore à 46 % le fait d’être de gauche, rend plus réceptif à la propagande, que si l’on est de droite (42%).

L’avis du sociologue

Le sociologue, Ronan Chastellier, maître de conférence à Sciences Politique Paris, constate que l’entreprise est devenue une sorte d’agora où l’on vient avec ses questionnements, ses opinions ou bien pour faire valider son point de vue. Nous ne sommes pas dans une société post idéologique ou post politique, avec des salariés passifs. D’une certaine manière, personne ne peut « ignorer le réel » et les élections apparaissent pour les salariés aussi comme l’événement « producteur de vérité ». Il y a donc un impératif social de conversation, de commentaires d’où cette présence invasive du politique, cette politisation du monde du travail. La « rhétorique du meeting » dans l’entreprise avec ses anciennes techniques de prise de parole est inadaptée aujourd’hui. Il y a une approche « sensible » de la politique, moins idéologique et davantage fondée sur une forme de consumérisme où l’on voterait afin d’obtenir tel bénéfice spécifique, telle action concrète. C’est sans doute l’idée de démocratie directe qui fait son chemin dans l’entreprise, où les salariés se réapproprient de manière individuelle et concrète les enjeux politiques. En outre, il peut exister des influences « sournoises » et s’il n’y a pas de conversion « radicale » proprement dite, la propagande sous une forme douce, « fait quelque chose », il y a des influences inconscientes sur les salariés, un dépôt d’idées, d’opinions qui peuvent les atteindre même s’ils s’estiment peu suggestibles. Il y a notamment tout un conditionnement évaluatif de l’économique, de la justice sociale etc., d’émois positifs ou négatifs qui vont nécessairement affecter les idées et les actes.

Sondage des Editions Tissot réalisé par Opinion Way, en septembre 2011, auprès de 1013 salariés âgés de 18 ans et plus. Au sein d’entreprises privées et publiques.

Résultats complets du sondage à télécharger sur www.editions-tissot.fr

Vidéos libres de droit

Interview de Ronan Chastellier

Pour réaliser une interview de Ronan Chastellier ou obtenir un complément d’analyse, contactez l’agence de presse qui vous mettra en relation directe.

Pourquoi les salariés aiment-ils parler politique sur leur lieu de travail ?

Avec qui les salariés préfèrent-ils parler politique sur leur lieu de travail ?

Quels sont les sujets qui préoccupent le plus les salariés en cette période pré-électorale ?

Quelles sont les raisons qui incitent certains salariés à garder leur opinion politique pour eux sur leur lieu de travail ?

Question juridique auprès des Editions Tissot

Pour toute question de droit du travail en rapport avec ce sondage, contactez l’agence de presse qui vous mettra en relation directe avec un juriste des Editions Tissot.

Un employeur peut-il interdire à ses salariés de parler de politique au sein de l’entreprise ?

Espace presse

Retrouvez les résultats du sondage, l’analyse complète de Ronan Chastellier et les visuels à télécharger sur https://www.editions-tissot.fr/espace-presse

Contact agence presse

Formulaire de contact agence presse

Ressources média