L’inefficacité des actions « bien-être au travail » pointée par une étude
Temps de lecture : 4 min
Dans une étude publiée début 2024 et conduite auprès de plus de 46 000 travailleurs, un chercheur de l’université britannique d’Oxford montre que les programmes individualisés visant au bien-être au travail sont illusoires en termes d’amélioration de la santé mentale des salariés. Ils pourraient même entraîner des effets délétères.
Cette étude, signée William J. Fleming, chercheur au Centre de recherches dédié au bien-être de l’université d’Oxford, a comparé les indicateurs de santé psychique auprès des participants et non-participants aux interventions « bien-être » mises en œuvre par les entreprises britanniques.
La promotion du bien-être au travail est très en vogue en Grande-Bretagne, plus de la moitié des entreprises étant engagées dans un programme formalisé en ce sens.
En dépit des recommandations du NICE (« National Institute for health and Care Excellence ») et des preuves en faveur de l’efficacité du changement organisationnel et de la transformation du travail pour l’amélioration du bien-être des travailleurs, les interventions individualisées restent les plus courantes.
Pleine conscience, gestion du stress et de la charge de travail
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Cette étude, signée William J. Fleming, chercheur au Centre de recherches dédié au bien-être de l’université d’Oxford, a comparé les indicateurs de santé psychique auprès des participants et non-participants aux interventions « bien-être » mises en œuvre par les entreprises britanniques.
La promotion du bien-être au travail est très en vogue en Grande-Bretagne, plus de la moitié des entreprises étant engagées dans un programme formalisé en ce sens.
En dépit des recommandations du NICE (« National Institute for health and Care Excellence ») et des preuves en faveur de l’efficacité du changement organisationnel et de la transformation du travail pour l’amélioration du bien-être des travailleurs, les interventions individualisées restent les plus courantes.
Pleine conscience, gestion du stress et de la charge de travail
Les actions des entreprises sont de plusieurs ordres : cours ou programmes de méditation de pleine conscience, de gestion de l’énergie ou du stress, relaxation, formations à la gestion de la charge de travail, séances de coaching sur la santé mentale et le bien-être, applications sur smartphone en lien avec la santé physique et mentale, le sommeil et le mode de vie, bénévolat ou travail caritatif.
Ces programmes visent à améliorer les capacités psychologiques, les pratiques de gestion personnelle et les ressources des individus, par exemple, pour faire face à la pression. Les interventions basées sur la relaxation ou la méditation ont pour objectif de favoriser des périodes de récupération ou un entraînement afin d’atténuer les effets des exigences du travail.
Pour évaluer leur efficacité réelle et non supposée, le chercheur de l’université d’Oxford a exploité les résultats de l’enquête nationale « Britain’s Healthiest Workplace » portant sur 46 336 salariés appartenant à 233 organisations. La participation aux interventions bien-être a été croisée avec les réponses à des questions sur le stress, l’épuisement professionnel ou encore la satisfaction au travail.
Aucune amélioration globale du bien-être
L’étude est sans appel sur la pertinence des interventions mises en œuvre par les entreprises pour améliorer le bien-être au travail. « Les estimations n’indiquent aucune différence entre les participants et les non-participants », souligne William J. Fleming. La participation à des actions caritatives est le seul type d’intervention suggérant un faible effet bénéfique sur le bien-être subjectif des travailleurs.
Si l’auteur n’exclut pas totalement des effets positifs pour certains salariés, il précise néanmoins que ces programmes sont susceptibles de provoquer des effets délétères pour d’autres salariés. Ils pourraient entraîner un « effet secondaire toxique », le salarié pouvant penser que l’absence d’efficacité de l’action mise en œuvre par son entreprise serait liée à un problème personnel.
« D’autres études devraient être menées afin de mieux établir les effets positifs et négatifs potentiels », estime l’auteur tout en précisant qu’il est prématuré de recommander ces programmes. Le chercheur préconise de mettre l’accent sur les changements organisationnels, plus bénéfiques pour améliorer le bien-être des salariés.
« Pansements superficiels » pour l’Aract Martinique
L’Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail de Martinique (Aract-Itt Martinique) s’est quant à elle fendue d’une analyse de cette publication. « Face aux résultats décevants, il est temps de se poser la question cruciale : quand les entreprises embrasseront-elles un changement de paradigme ? Les actions dites « de confort » ou périphériques au travail ne sont pas assimilables à la qualité de vie et conditions de travail (QVCT) », souligne-t-elle.
L’Aract précise que les entreprises ont déployé, en 2021, une somme colossale de 52,2 milliards d'euros dans des programmes de bien-être. Tout en pointant « la démesure de ces investissements », elle plaide pour une réorientation des investissements vers des changements structurels « au lieu d'utiliser des pansements superficiels ».
L'illusion du bien-être au travail: Décryptage des investissements des entreprises et quête d’une évolution structurelle, Aract-Itt Martinique, 7 février 2024
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