Souriez, vous êtes noté ! Avis émis par ses salariés : amis ou ennemis ?
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Il se peut que les informations contenues dans cet article et les liens ne soient plus à jour.
Vous avez tremblé, enfant, à l’idée de présenter une mauvaise note à vos parents ? Il vous tardait d’être adulte pour ne plus être confronté à la notation ? C’est raté !
Noter est devenu un sport national pour tout un chacun. De son chirurgien esthétique aux vacances familiales, en passant par les croquettes pour chien... tout est soumis à évaluation ! Votre entreprise – et votre management – l’est aussi, pour le meilleur ou pour le pire.
Quels sont les principaux « Big Brothers » scrutant les entreprises ?
Glassdoor, la plateforme américaine de notation, qui recense plusieurs millions d'avis sur plus de 700 000 entreprises dans 190 pays, est présente en France depuis 2014. Les salariés y donnent anonymement leur opinion sur leur société, leur salaire ou leurs compléments sociaux.
Choose my company est également un classique du genre. Depuis 2011 aux États-Unis, ce site permet notamment aux salariés de répondre à l’enquête HappyIndex® / AtWork, via un questionnaire de 18 questions du type « Trouvez-vous votre environnement de travail stimulant ?» ou « Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre entreprise ? ». Plus récemment, le Figaro Classifieds a lancé en France la plateforme Figaro Insiders, avec pour objectif affiché de « valoriser les entreprises, tous leurs métiers et leurs emplois, et fournir aux candidats des informations utiles et souvent méconnues du grand public ».
Ces sites, et tous les autres, donnent la parole aux salariés afin non seulement de refléter leur « taux de bien-être », mais aussi de faire émerger des données générales portant sur différentes thématiques telles que les nouvelles pratiques de gouvernance, la transformation humaine et stratégique ou bien la place des femmes dans les métiers du numérique. Certains sont par ailleurs conçus comme de véritables « sites de rencontre » entre recruteurs et candidats, et ont pour vocation d’établir un rapport de séduction entre les premiers et les seconds avec un objectif assumé : attirer les jeunes talents, tout juste diplômés. Les entreprises peuvent y générer leurs propres espaces de présentation, répondre aux avis déposés et, bien sûr, publier leurs annonces et sélectionner des candidatures. Ainsi, la plateforme Bizmarks propose aux salariés d’assurer la promotion de leur entreprise en y évaluant différents critères : ambiance générale, respect de l’équilibre vie personnelle-vie professionnelle, environnement de travail, politique de responsabilité sociale, salaires, avantages en nature, perspectives professionnelles, etc.
Menace ou opportunité pour les entreprises ?
Alors que, dans de multiples secteurs, la guerre des talents bat son plein, une entreprise chaudement recommandée par ses salariés est évidemment un avantage majeur. Ainsi, soucieuses de mieux recruter et mieux fidéliser, certaines entreprises jouent la surenchère des « avantages » : télétravail, voiture de fonction, téléphone mobile, conciergerie, activités de loisirs, crèche au bureau, massages, réductions diverses... Tout cela, au-delà de faciliter leurs opérations séduction auprès des candidats et salariés, tire globalement vers le haut la fameuse équation « travail-vie personnelle ». Des notations positives permettent également à certaines entreprises d’améliorer leur e-réputation. C’est le cas, par exemple, de Disneyland Paris, dont l’entrée dans le top 10 de Glassdor a permis de corriger l’image négative de sa marque employeur. Des évaluations positives récurrentes peuvent aussi conforter un statut d’excellence, à l’instar de l’entreprise Sale Force qui truste le podium Glassdor depuis plusieurs années. Un recul dans le classement ou une note en deçà des attentes, peuvent, quant à eux, mettre en lumière une marge de progression, inciter le management à la remise en question, et générer des correctifs positifs.
Le système est donc – a priori – vertueux. Mais... encore faut-il que les critères étudiés, la collecte de données et la méthodologie de l’analyse soient les plus objectifs et crédibles possibles ! Or, il est apparu que certaines entreprises dévoient le système, soit en incitant leurs salariés à poster des avis positifs (quitte, selon un article du Wall Street Journal, à leur promettre une récompense en retour), soit en « bourrant » eux-mêmes la plateforme de faux avis, voire en les achetant.
Que penser, par ailleurs, de la plateforme Great Place to Work®, l’un des acteurs de référence américains, présent depuis 2002 en France... Chaque année, l’institut publie un palmarès des « best work places » (les « meilleurs endroits où travailler »), qui peut a priori sembler une source d’informations précieuses pour les candidats. Pourtant, quand on y regarde de plus près, le fait que ce palmarès repose pour partie sur des entreprises volontairement évaluées, et qui acquittent un droit de participation, pose quand même question !
De même, les risques de dérives calomnieuses de la part de salariés remerciés, de candidats recalés ou de clients en conflit avec l’entreprise sont possibles, et peuvent être très nuisibles à la réputation des entreprises. Quelquefois, ces dernières plient l’échine et tentent de corriger le tir afin de regagner en e-réputation. D’autres entreprises contre-attaquent : la plateforme notetonentreprise.com par exemple, accusée de servir de défouloir à des salariés frustrés, a dû fermer. Elle n’a en effet pas survécu aux procès en diffamation intentés par des sociétés qui avaient été victimes de commentaires éminemment négatifs sur son site.
Conceptrice- rédactrice, conseil en écriture, auteur, biographe, formatrice pour adultes
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